Une vision
classique de la guerre voudrait que celle-ci soit l'œuvre
d'armées publiques. Néanmoins, historiquement,
les acteurs des conflits ont souvent été
des entités privées à but lucratif.
Aujourd'hui, la situation chaotique de l'Irak met en évidence
l'importance sans précédent de l'«
externalisation » de certaines fonctions de défense
aux Etats-Unis. Fournissant hommes, services et matériels,
des sociétés militaires privées (SMP)
occupent une place grandissante dans l'architecture de
sécurité nationale.
Ce recours
aux entreprises dites « de sécurité
» facilite la projection ponctuelle de forces à
l'étranger, étend l'influence géopolitique
et technologique des grandes puissances, permet de contourner
les contrôles parlementaires, évite les conséquences
néfastes d'actions à la légitimité
douteuse, se substitue à des armées aux
moyens réduits. Dans les pays du Sud, le recours
aux SMP est la marque d'un affaiblissement global des
Etats, dont les budgets se réduisent.
Dans
les nations industrialisées, il permet aux élites
politiques d'utiliser, à leur avantage, la porosité
des frontières entre public et privé. Dans
tous les cas, en brouillant les repères, ce mélange
des genres s'effectue aux marges du droit et de la responsabilité
politique.
Quelques
mois après la chute du régime de M. Saddam
Hussein, on dénombrait en Irak près de 20
000 personnes relevant de la sécurité privée.
L'incapacité des troupes américaines à
maintenir l'ordre et la demande grandissante des acteurs
internationaux comme des investisseurs américains
présents en Irak expliquent ce phénomène.
Avec la dégradation des conditions de sécurité,
ces groupes occidentaux, les sociétés militaires
privées (SMP), ou private military companies –
ont effectivement proliféré pour représenter
officiellement un ensemble de plus de vingt-cinq SMP,
essentiellement américaines et britanniques, répertoriées
par les services du département d'Etat américain
dans un document intitulé « Security Companies
Doing Business in Iraq », daté de mai 2004.
Ces sociétés ne sont que la partie commerciale
émergée d'un monde plus sombre.
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Depuis
la fin de la guerre froide, les pratiques d'externalisation
(outsourcing) se sont rapidement développées
au sein des forces armées américaines, sous
les effets conjugués de la mondialisation des industries
militaro-industrielles, de la réduction des armées
et des exigences de « rationalisation » des
budgets de la défense. Forme avancée de
sous-traitance, pour des volumes financiers importants
et impliquant un partage des risques entre l'Etat et l'industrie
privée, l'externalisation constitue d'abord une
application des méthodes du new public management
(nouvelle gestion de l'Etat), conforme aux politiques
libérales de privatisation.
Ces nouveaux
partenariats public/ privé sont censés répondre
aux contraintes budgétaires et dégager des
fonds permettant de moderniser les forces armées,
de développer et d'acquérir de nouveaux
systèmes d'armes. Le département de la défense
affirmait ainsi, en 2002, qu'il pourrait économiser
plus de 11 milliards de dollars entre 1997 et 2005 grâce
à l'externalisation. Il s'agissait surtout d'effets
d'annonce destinés à occulter les conséquences
de la transformation de l'organisation et de l'économie
de la défense, par la réduction du nombre
d'employés fédéraux, au profit du
secteur privé.
Les
critiques ont été dures lorsque l'armée
américaine a annoncé, en octobre 2002, que
plus de 200 000 emplois allaient être « externalisés
» dans le cadre de la troisième phase de
privatisation. Pour de nombreux experts, la radicalité
de cette réforme n'entraînera pas nécessairement
une plus grande efficacité. Selon le syndicaliste
Robert Harnage, président de la Fédération
américaine des fonctionnaires fédéraux,
« le nombre de personnels travaillant sous contrat
avec la défense était quatre fois plus important
que le nombre de fonctionnaires civils ». De son
point de vue, l'externalisation « signifie donc
une suppression d'emplois et la disparition d'une certaine
éthique de la responsabilité ».
Dans
le cadre de l'externalisation des services aux armées
en opérations extérieures, plus de 3 000
contrats ont été signés entre les
gouvernements successifs et les SMP, entre 1994 et 2004,
pour plus de 300 milliards de dollars. Ces firmes se nomment
DynCorp, Military Professional Ressources Inc. (MPRI)
ou Kellogg Brown and Root (KBR). Leur entrée s'est
traduite par une augmentation progressive du nombre de
personnels du secteur privé aux côtés
des forces armées américaines (logistique,
maintenance, génie, ingénierie en systèmes
d'armes) sur le champ de bataille. Lors de la première
guerre du Golfe de 1991, le ratio était d'environ
1 acteur privé pour 100 soldats ; il est passé
à 1 pour 10 en 2003. Dans la phase actuelle du
déploiement en Irak, ces acteurs privés
représentent la deuxième force d'occupation,
soit l'équivalent de 20 % des forces américaines.
D'un
point de vue économique, et malgré les économies
budgétaires de 4,5 à 6 milliards de dollars
par an envisagées par le conseil scientifique de
la défense (Pentagone), les baisses de dépenses
espérées ne sont pas au rendez-vous. Pour
plusieurs de ces contrats, la Cour des comptes américaine
a montré que le coût réel dépassait
de plusieurs millions de dollars les estimations et que
des abus avaient amené à une surfacturation
importante de certains services dans les marchés
de la reconstruction en Irak. Dirigée jusqu'en
2000 par l'actuel vice-président Richard Cheney,
la multinationale Halliburton a remporté en 2003,
à travers sa filiale KBR notamment, un ensemble
de contrats pour une valeur de plus de 1 milliard de dollars
et a été directement impliquée dans
des scandales relatifs aux conditions d'attribution des
contrats, prouvant la collusion d'intérêts
entre l'administration Bush et les multinationales du
complexe militaro-industriel américain.
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Flexibilité et capacité de réaction
rapide
Au-delà
de la « rationalisation budgétaire »
et de la dimension idéologique initiale de l'externalisation,
une réflexion stratégique a été
lancée. Engagés à travers le monde
dans une guerre de faible intensité mais durable
contre le « terrorisme », tout en préparant
leurs forces armées à de grandes confrontations,
les Etats-Unis ne peuvent affaiblir leur leadership par
un retrait total des espaces de moindre importance stratégique.
D'où la délégation de certaines tâches,
afin de décharger les forces armées des
missions les moins vitales pour la sécurité
nationale.
Une
part grandissante de ces programmes entendent également
déployer des forces en optimisant la flexibilité
et les capacités de réaction rapide, par
une élimination des étapes de contrôle
administratif et des procédures bureaucratiques.
Qui plus est, ils offrent une solution de rechange à
une politique étrangère sous contrôle
du Congrès en ce qui concerne l'envoi de troupes
au sol, l'objectif politique du « zéro mort
» et la conduite d'actions clandestines. Ils peuvent
également permettre des opérations en contradiction
avec les choix stratégiques « officiels »
: tout en affichant sa neutralité et en s'impliquant
dans le maintien de la paix en Bosnie, à travers
l'Implementation Force (IFOR), le gouvernement américain
a laissé MPRI faciliter un trafic d'armes en violation
de l'embargo de l'ONU et entraîner l'armée
de la Fédération croato-musulmane qui préparait
la grande offensive de 1994 en Krajina.
Les
firmes américaines (Vinnell Corp., MPRI, Cubic
ou Logicon) ont formé et entraîné
les forces armées de plus de quarante pays durant
les années 1990, dans le cadre des programmes de
coopération militaire. Ces réseaux constituent
d'excellents relais pour la diffusion des normes militaires
américaines en Amérique latine, en Afrique
et au Proche-Orient, et pour la construction d'alliances
ad hoc. Sur le continent africain, les SMP sont chargées
de la logistique militaire américaine et de la
gestion d'experts soutenant les opérations d'urgence.
Elles ont par ailleurs développé des stratégies
d'expansion et de prédation des nouveaux marchés,
en Europe ou dans les pays du Sud.
Les
SMP jouent donc désormais un rôle vital dans
le système de défense américain et,
notamment, dans le soutien à sa logique expéditionnaire.
Nombre d'entre elles ont, depuis plusieurs années,
effectué un important travail de lobbying pour
se présenter comme des partenaires fiables dans
la gestion des opérations de paix. Au risque d'approfondir
la confusion qui existe déjà entre aide
au développement, aide humanitaire et opérations
militaires.
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Cette
phase a été précédée
d'une restructuration de l'industrie de défense
américaine, où de nombreuses fusions/ acquisitions
se sont produites depuis cinq ans. Grâce aux activités
de services, les multinationales qui proposent d'utiliser
les nouvelles technologies de l'information et de la communication
(NTIC) pour « dominer les futurs champs de bataille
» pénètrent un secteur lucratif. Comme
l'expliquait le dirigeant de L-3 Communications, M. Frank
Lanza, lors de l'acquisition de MPRI, en 2000 : «
MPRI est une société en pleine expansion
avec de bonnes marges de profit et des avantages compétitifs
que nulle autre entreprise ne peut égaler dans
le domaine de l'entraînement des forces, et ses
services sont complémentaires de nos produits.
(...) MPRI est aussi très active sur la scène
internationale, le changement de climat politique ayant
entraîné une augmentation de la demande de
certains services... Par ailleurs, ces programmes ont
tendance à s'étendre et à nous conduire
vers d'autres opportunités. »
Revers
de la médaille, un rapport du Government Accountability
Office (GAO) a souligné le manque de contrôle
des SMP, aucun système centralisé n'étant
capable de suivre les nombreux contrats d'externalisation
passés par les agences américaines. Bien
que la réglementation internationale demeure totalement
inadaptée à la lutte contre les dérives
du mercenariat entrepreneurial (voir Le grand bazar des
armes) et malgré l'existence d'un contrôle
de la vente de services militaires aux Etats-Unis, les
pratiques actuelles visent à contourner ces législations,
notamment dans le domaine du renseignement et des opérations
spéciales.
Pour
l'administration républicaine, l'exploitation de
ces vides juridiques constitue un élément
de réponse efficace au terrorisme. Mais cette déresponsabilisation
du politique par l'externalisation pose les limites de
cette « mercenarisation » déguisée.
La façade commerciale et libérale de cette
dynamique peut entraîner de graves dérives.
L'utilisation croissante des ressources civiles pour soutenir
les interventions longues, en mobilisant au maximum les
forces de réserve et les acteurs privés,
va jusqu'à menacer l'équilibre de l'armée
professionnelle mis en place après la guerre du
Vietnam. Par ailleurs, début 2004, des opérateurs
travaillant pour les SMP américaines CACI Inc.
et Titan Corporation ont été impliqués
dans le scandale des mauvais traitements aux prisonniers
irakiens.
La
porte ouverte aux abus
Pour
M. Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights
Watch, qui s'exprimait devant la presse le 30 avril 2004,
« si le Pentagone envisage d'utiliser des contractants
privés pour des missions militaires ou de renseignement,
il doit s'assurer qu'ils sont sujets à des restrictions
et des contrôles légaux, [car permettre à
ces opérateurs] d'agir dans un vide juridique est
une invitation aux abus ». En 2000, un rapport de
la très officielle Université nationale
de la défense de Washington reconnaissait pour
sa part : « La privatisation est peut-être
moins coûteuse qu'une intervention militaire, mais
la qualité du résultat et le respect des
droits humains peuvent être compromis. »
Dans
l'externalisation, on distingue traditionnellement les
services de soutien aux armées et les fonctions
opérationnelles sur le champ de bataille. Toutefois,
les lignes de partage sont devenues floues depuis le 11-Septembre.
Du fait du choix politico-stratégique en Irak,
externalisation et mercenarisation se fondent dans de
nouvelles doctrines opérationnelles, et les acteurs
privés ont été impliqués à
plusieurs reprises dans des combats.
Après
la défaite irakienne, la sécurisation des
sites sensibles a très rapidement été
confiée à des entités privées,
sans qu'existent de réels moyens pour les contrôler.
En septembre 2003, le gouvernement américain annonçait
que la société Erinys Iraq Ltd. serait chargée
de former des milliers d'Irakiens pour garder les installations
aux alentours de l'oléoduc Kirkouk-Ceyhan, soumis
à de nombreuses attaques. Pour occuper des postes
d'encadrement et former les recrues travaillant pour Erinys
Iraq, des éléments d'élite de la
police sud-africaine sont présents en nombre (lire
En Afrique, une nouvelle génération de «
chiens de guerre »). Effet boomerang, cette dynamique
affecte gravement les institutions sécuritaires
et militaires occidentales : attirés par des rémunérations
parfois dix fois supérieures, les personnels des
forces spéciales fuient vers le privé. Sur
le long terme, cette hémorragie de ressources humaines
surqualifiées peut s'accompagner d'une perte de
savoir-faire (maintenance des systèmes d'armes
sophistiqués, formation des pilotes) développé
exclusivement dans le privé.
L'absence
de toute forme d'unité de commandement et de contrôle,
tout comme l'inexistence de procédures standardisées
de recrutement des personnels des SMP, inquiète
un nombre croissant d'officiers américains. Les
prises d'otages et les assassinats des « soldats
privés » se multiplient, et les militaires
ne sont pas en mesure de protéger ces « civils
». Les quatre hommes brûlés et pendus
par la foule à Fallouja, fin mars 2004, et dont
la mort a été à l'origine de violentes
combats, étaient des employés de la société
américaine Blackwater Security.
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Bien
que le plan de désarmement, de démobilisation
et de réintégration (théorique) dans
la vie civile des anciens soldats irakiens, mal conçu
et mis en œuvre de manière désastreuse,
ait créé un « vide sécuritaire
», le Pentagone a rendu publique, fin juin 2003,
la signature d'un contrat d'une valeur de 48 millions
de dollars au bénéfice de Vinnell Corp.
en vue de créer et d'entraîner le noyau de
la nouvelle armée irakienne. D'autres firmes comme
MPRI ont été associées à ce
programme en tant que sous-traitants. Dans le même
temps, la formation des forces de police irakiennes avait
été confiée à DynCorp Aerospace
Operations, dès avril 2003, pour le compte du département
d'Etat.
Enfin,
avec le développement des milices locales et l'intensification
de ce que les Américains décrivent comme
une insurrection, l'Irak est entré dans une spirale
de violence où l'intervention de personnels de
la sécurité privée a paradoxalement
entraîné un accroissement de l'instabilité,
au point d'en faire un marché très lucratif,
avec des rémunérations pouvant aller jusqu'à
1 000 dollars par jour. Plusieurs milliers d'anciens militaires
travaillent dans le cadre de contrats de sécurité
au service d'agences civiles occidentales, Kroll et Control
Risks assurant par exemple la sécurité des
personnels de l'Agence américaine du développement
international (Usaid) et des personnels de la diplomatie
et de la coopération britanniques.
La crise
irakienne montre bien que ces acteurs privés, présents
durant les phases essentielles du conflit et de l'après-conflit,
remplissent des fonctions indispensables à l'exercice
de la force par la puissance américaine. La prolifération
du mercenariat entrepreneurial occidental dans ce pays
est le résultat d'une politique délibérée
d'expérimentation de nouvelles formes d'intervention.
Mais ces choix politiques ignorent l'importance des difficultés
actuelles, comme le montre l'attribution, en mai 2004,
d'un contrat de 293 millions de dollars à Aegis
Defence Service (une SMP créée en 2003 et
dirigée par le colonel britannique Tim Spicer)
destiné à coordonner plus de cinquante sociétés
privées et à fournir une protection rapprochée
aux entreprises de reconstruction.
Pourtant,
de nombreux diplomates anglo-saxons ne semblent pas considérer
la privatisation comme préoccupante. En mai 2004,
un haut responsable civil de la coalition avait au contraire
affirmé, lors d'une conférence à
Paris, sous réserve d'anonymat, que cette prolifération
des SMP était « une situation saine »,
qui pourrait être répétée si
elle aboutissait à terme à un succès
en Irak. La privatisation des opérations de paix
se fait donc de manière progressive en «
repoussant constamment les limites » de l'externalisation
de fonctions militaires.
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En décidant
de ne pas inclure le secteur de la sécurité
privée dans la nouvelle législation irakienne,
l'ancien administrateur civil américain de l'Irak,
M. Paul Bremer, a empêché tout contrôle
de ce secteur par les Irakiens. Si, dans le cas des Etats-Unis,
la multiplication des acteurs privés civils et
militaires sert les intérêts stratégiques
nationaux (la quantité de contrats passés
avec l'administration fédérale obligeant
les SMP à la loyauté à l'égard
du pouvoir), les derniers événements montrent
qu'elle est surtout source de chaos et de perpétuation
des conflits.
En fait,
cette privatisation de la violence met en danger la future
souveraineté irakienne. Elle souligne l'incompatibilité
des objectifs économiques américains avec
la réalité politique locale. Parce qu'elles
proposent des solutions « clés en main »
– du conseil à la réalisation sur
le terrain, du fait de la concentration grandissante de
l'expertise et de la nature duale des systèmes
d'armes informatisés résultant des NTIC,
les SMP imposent une lecture excessivement technique des
conflits, au détriment d'une lecture politique.
Les SMP
bouleversent les équilibres civilo-militaires et
politiques traditionnels dans les sociétés
sortant de crises, mais aussi en Occident. En brouillant
les catégories traditionnelles : civils/militaires
et privé/public, ces acteurs hybrides fonctionnent
souvent en réseaux informels favorisant corruption
et criminalité. Le système stratégique
américain d'intervention globale, tel qu'il se
construit en leur accordant une place centrale, est générateur
d'instabilité, voire de chaos. Insidieusement,
il légitime l'exercice unilatéral de la
puissance américaine dans le monde ou dans les
zones « instables » du Sud, où la CIA,
les forces spéciales et les sociétés
militaires privées conduisent des guerres de basse
intensité.
Le
mercenariat entrepreneurial est la conséquence
de l'apparition de conflits d'un type nouveau et de l'affaiblissement
des Etats sur la scène internationale. Bien qu'amorcé
dans le cadre de politiques gouvernementales, il préfigure
les conflits qui se multiplieront aux frontières
de la globalisation. La privatisation de la violence y
jouera un rôle déterminant. Pour les dirigeants
de la coalition, l'expérience irakienne aura simplement
permis de mieux tester les effets de l'externalisation
avant de la systématiser.
Texte
: Le monde diplomatique