Hommes
de terrain
Le
CTA est un vaste édifice en béton à
l'intérieur duquel est reproduit un environnement
de combat urbain en milieu clos. "100 mètres
de long, 44 de large et 27 de haut", précise
l'adjudant-chef L., l'un des concepteurs du complexe.
"Des
hommes de terrain qui avaient également de bonnes
notions de ce qui se faisait ailleurs dans le genre",
signale le colonel Jean-Constant B.. "Nous avons eu
le privilège de mettre notre expérience à
profit pour permettre à nos camarades de s'entraîner",
renchérit l'adjudant-chef C.l, autre "architecte"
du CTA. Tous deux ont évolué sur de nombreux
théâtres d'opérations, "dans tous
les pays dont on parle aux actualités". Inutile
d'insister, ils n'en diront pas davantage. Pas par secret
professionnel, mais par modestie. Une qualité de
métier : "Ca ne rend pas forcément les
gens très expansifs", concède l'un d'eux.
Combat
urbain. Les situations tactiques dans lesquelles les concepteurs
ont pu se trouver ont ainsi été reproduites
dans le CTA. Et c'est un vrai décor de cinéma
qui a été construit à cette fin entre
début 2001 et septembre 2002. Un décor de
béton pour films de guerre, unique en Europe.
Au fond du bâtiment se trouve une ambassade dont les
bureaux sont répartis sur deux étages. Devant,
s'étend un large espace nu, où des véhicules
peuvent se mouvoir. C'est cette étendue vierge qu'ont
traversée hier les participants à la démonstration,
après avoir été déposé
sur le toit de l'édifice par un hélicoptère
Puma. En tirant à balles réelles sur des cibles
fixes.
Tout le long de l'enceinte, une ligne phosphorescente marque
la limite de tir. "Ce n'est pas le métier de
tout le monde de tirer dans des bâtiments comme cela",
explique le Colonel B.
Tous
les scénarios d'intervention peuvent être imaginés
: dans un hôtel, véritable labyrinthe de six
étages, dans le hall d'un aéroport ou d'une
gare et même dans un supermarché.
Le
CTA pourrait devenir à terme un outil de coopération
internationale et nationale également au profit du
GIGN et du RAID.
Académie
FS
À
Pau, la création du pilier formation du centre Arès
marque un changement profond dans les moyens mis à
disposition pour l’instruction des unités de
la brigade. Véritable pôle de formation transverse,
Arès a vocation à accueillir les segments
du tronc commun des unités des forces spéciales
Terre que l’on souhaite mutualiser. Demain, l’ambition
est de mutualiser des formations de cursus et de spécialité,
comme celle des cadres qui rejoignent les FST ou celles
dans nos pôles d’excellence, à l’instar
du contre-terrorisme terrestre. Pour autant "il n’est
pas question de se substituer aux centres de formation délégués
des régiments, affirme le lieutenant-colonel Mathieu,
chef de la division formation. Chaque unité a des
domaines de compétences qui lui sont propres, mais
réunir les stagiaires de chaque régiment permet
de leur apprendre à mieux se connaître."
Cette "académie des forces spéciales"
prend aussi en compte une partie de la formation des officiers.
Tous les lieutenants de la brigade se retrouveront lors
de stages communs. Ils y apprendront ce que sont les opérations
spéciales et des savoir-faire spécifiques
comme l’aérocordage ou le marquage opérations
spéciales. Fin 2016, les capitaines quitteront pendant
deux semaines le centre d’études et de renseignement
de l’armée de Terre pour apprendre à
commander une Task unit (TU). Pour apprendre à conduire
une mission spéciale, ils devront prendre en compte
les contraintes de chaque spécialité constitutive
d’un groupement de forces spéciales (action,
renseignement, aérocombat, transmission et logistique).
Au
CFST, le besoin en formation spécifique est en constante
augmentation. Le centre Arès est chargé de
mutualiser ces formations et de trouver les spécialistes
de l’armée de Terre les plus aptes à
les dispenser. À Pau ou directement dans les unités,
les opérateurs des forces spéciales auront
à leur disposition des stages aussi variés
que le NRBC, la cyber défense ou le tir Javelin par
exemple.
Dernière attribution de ce nouveau pôle académique
: l’entraînement. Arès est dorénavant
chargé de la programmation de tous les exercices
nationaux et internationaux. Sur place, il dispose du centre
de tir adapté, un complexe capable de reproduire
toutes les configurations de combat en zone urbaine. Déjà
utilisé pour valider les "task units" de
contre-terrorisme et libération d’otages de
nos unités, l’aménagement d’une
nouvelle zone permettra d’effectuer des tirs plus
lointains et d’accueillir plusieurs groupes en même
temps. Des situations plus complexes pourront générer
un travail de coordination entre différentes entités
plus abouti.
Faciliter
les synergies
"Notre
centre Arès va faciliter la synergie en interne,
mais aussi à l’extérieur de la brigade,
explique le LCL Mathieu. L’arrivée de 25 instructeurs
supplémentaires va permettre à l’armée
de Terre de mieux nous connaître à travers
la formation et la certification OPEX pour les unités
du groupement d’appui aux opérations spéciales
(GAOS). Le but est de pouvoir les engager le plus rapidement
possible à nos côtés en opérations,
dans les meilleures conditions."
Autre élément "visible" du pilier
FS, le GAOS (voir page suivante) permet au CFST de disposer
de spécialistes des forces conventionnelles utilisés
en fonction des besoins en opération.
"Le CFST va nous donner plus d’efficacité,
affirme le général de Nortbécourt.
Une boucle décisionnelle plus courte, car plus près
du CEMAT, mais aussi une véritable "professionnalisation"
de notre formation. Le pilier FS nous place de manière
durable au cœur des préoccupations majeures
de l’armée de Terre. Ainsi, parce que nos missions
sont naturellement interarmées et de plus en plus
interalliés, nous en devenons, de fait, les meilleurs
ambassadeurs."