GOE
: Grupo de Operações Especiais (PSP)
"L'unité
de la Police Portugaise"
Présentation
Le GOE est né officiellement
en 1979 sur la décision du Premier Ministre de l'époque.
En effet, devant la montée du terrorisme un peu partout
dans le monde, le gouvernement portugais décida de
se doter d'une unité spécialement entraînée
pour lutter contre ce véritable fléau.
Ce
n'est qu'en 1980 que furent sélectionnés des
volontaires parmi les troupes d'élite de l'armée
de terre, en l'occurrence les commandos. Une poignée
de jeunes officiers et de sous-officiers sont alors envoyés
en Grande-Bretagne pour y suivre l'entraînement des
SAS.
Entraînés
par les SAS : Brevetés
en 1981, ils vont constituer l'ossature de la nouvelle unité.
Avec l'aide d'instructeurs SAS britanniques, ils vont former
les hommes du rang et les sous-officiers du GOE. En 1983,
le GOE devenait avec une centaine d'hommes bien entraînés
une unité antiterroriste opérationnelle du plus
haut niveau. C'est d'ailleurs cette année-là
que le groupe intervint pour la première fois à
la suite d'une prise d'otages à l'ambassade de Turquie.
Aujourd'hui,
le GOE est fort d'environ une centaine d'hommes, tous issus
de la police, c'est-à-dire dépendants du ministère
de l'Intérieur. La moyenne d'âge est de vingt-huit
ans et le temps de service maximum autorisé est de
huit ans. De la première promotion, seuls restent deux
adjudants. Ce sont les exceptions, les « musées
» du groupe, comme disent les jeunes policiers.
GOE
de la PSP
La police de la sécurité
publique - Policia de Segurança Publica ou PSP - dépend
du ministère de l'Intérieur. Elle est organisée
en une structure de commandement vertical avec un commandement
central, des zones régionales et des districts, ainsi
que l'école supérieure de la police (ESP) et
l'école pratique de la police (EPP). La PSP aligne
aussi des unités spéciales, dont le corps d'intervention
et le groupe des opérations spéciales (GOE).
Le GOE tut créé
en tant qu'unité spéciale au sein de la PSP
par le décret-loi du 24 décembre 1979. Ce décret
visait à instituer une unité spéciale
capable d'intervenir dans des situations extrêmes, toujours
bien sûr dans le cadre légal. Les missions ont
été définies dans quatre articles de
loi.
Organisation
Le GOE est organisé
autour d'une cellule de commandement, une cellule de formation
et d'entraînement, l'unité d'intervention, une
cellule de transmissions et une cellule de soutien.
Missions
Le GOE doit ainsi :
- conduire des actions offensives,
indépendantes, bénéficiant d'un effet
de surprise dû à la rapidité d'action,
possédant un esprit d'initiative et une grande détermination,
pour mettre hors d'état de nuire les malfaiteurs;
- dans les hypothèses
de prises d'otages, il s'agit de participer aux négociations,
de neutraliser les auteurs et de libérer les otages
dans ou sur n'importe quel type d'endroit ou de bâtiment.
Il
faudra à cette fin rassembler tous les renseignements
susceptibles de faciliter les négociations ou une éventuelle
intervention.
Sélection
Pour devenir membre du GOE,
il faut avant tout être volontaire et médicalement
apte, ensuite réussir une série de tests psychotechniques
particulièrement durs.
Ces premiers obstacles franchis, il faut s'attaquer aux épreuves
sportives, similaires à celles requises pour devenir
parachutiste ou commando. Notons que la plupart des membres
du GOE ont fait leur service militaire obligatoire dans une
unité d'élite de l'armée portugaise -
forces spéciales à Lamego, parachutistes, commandos
à Amadora, fusiliers marins à Lisbonne.
La dernière épreuve à satisfaire avant
de commencer l'entraînement typique du GOE est une série
d'exercices de tir, au pistolet, au fusil, au PM. Ces épreuves
se font avant et après effort, en l'occurrence une
course à pied de plusieurs kilomètres sur sol
accidenté.
Vingt
sur mille : Une
fois tous ces obstacles franchis, le jeune volontaire va suivre
un entraînement qui durera huit mois. Le recrutement
n'a lieu que tous les deux ans. Sur un millier de volontaires,
environ une vingtaine finiront éléments opérationnels
du GOE. Ensuite tous les six mois, le jeune policier devra
subir un test tant physique que psychique pour voir s'il est
apte à rester au sein de l'unité.
Exercice
Grandeur Nature
Comme nous l'avons vu dans
notre action fictive, le GOE est avant tout une unité
antiterroriste. Il doit être capable d'intervenir rapidement
en n'importe quel lieu du territoire portugais et sur tous
types de sites (avions, trains, autobus, maisons, immeubles,
bateaux, etc.).
Pour y parvenir, les membres
du GOE travaillent à échelle réelle,
c'est-à-dire dans des trains et des avions mis spécialement
à leur disposition par les compagnies nationales, ou
sur des maisons et des immeubles construits sur le terrain
d'entraînement du groupe.
Tous
les types d'armes sont utilisés : fusils à pompe
pour faire sauter les portes des maisons, pistolets-mitrailleurs
HK MP-5 avec ou sans silencieux, arbalètes, fusils
de tireur d'élite, lance-grenades à gaz, pistolets
automatiques 9 mm et Désert Eagle 357 Magnum. Les armes
peuvent être équipées de lunettes de visée
infrarouges ou à désignateur laser.
L'entraînement physique
est régulier et intense : course à pied, natation,
parcours du risque, passage de liane en liane, escalade d'immeubles
avec une perche ou de balcon en balcon, exercices de descente
rapide d'hélicoptère, descente effectuée
en rappel ou en se laissant glisser sur une corde (hauteur
possible d'intervention : entre 30 et 50 m è tres)
ont lieu plusieurs fois par mois.
Tous les jours se déroulent
aussi des exercices de tir. Parmi ces derniers, l'un est particulièrement
spectaculaire, il est typique du GOE, c'est le face à
face. Entre chaque groupe, 20 mètres, et chaque homme
de chaque groupe est à une distance de 2 mètres
de son collègue.
Dans l'intervalle : une cible.
Au signal, déclenchement du feu sur la cible qui se
trouve en face évidemment. L'intérêt de
l'exercice est double : il permet de vérifier le self
control de chacun et, de plus, il met en condition pour une
opération donnant lieu à un tir croisé.
On pense notamment à une intervention à bord
d'un avion de ligne ou dans un wagon.
Chaque membre du GOE est aussi
tireur d'élite. Toutefois, un seul élément
par groupe - un groupe possède six éléments
- est désigné pour ce type de travail. Les distances
de tir régulièrement appliquées en exercices
sont de 300 et 500 mètres. A titre d'exemple ou d'anecdote,
au dire des tireurs du GOE, 200 mètres c'est du «
bout portant » !
Au
pistolet automatique, les cibles sont souvent placées
à 50 mètres. Lors de notre visite, le commissaire
commandant le groupe opérationnel nous a démontré
de façon claire la confiance qu'il place en ses hommes
en se postant à côté des cibles lors de
chacun des exercices de tir auxquels nous avons assistés.
Le GOE est aujourd'hui l'un
des groupes anti-terroristes occidentaux les plus efficaces.
La meilleure preuve s'en est manifestée lors d'un des
derniers rassemblements des forces spéciales d'Occident
: une cinquantaine de groupes étaient présents
(britanniques, français, américains, hollandais,
espagnols, allemands, belges, italiens, etc.) et les Portugais
ont terminé à la 4e place, toutes épreuves
confondues.
Afin
d'être encore plus opérationnels, les policiers
du GOE sont en rapport constant avec leurs homologues espagnols
qui, eux, sont continuellement en opération, notamment
en luttant contre l'ETA. Très récemment, le
rôle du GOE s'est trouvé élargi. Le Portugal
s'est trouvé confronté, comme beaucoup de pays
d'ailleurs, à une réelle menace de ses intérêts
et de ses représentants au Zaïre, en Angola et
en ex-Yougoslavie.
Extension
des Missions
Certains éléments
du GOE ont donc été envoyés dans ces
pays pour protéger les ambassadeurs, mais aussi, par
extension, tous les Occidentaux se trouvant en danger. Actuellement
encore, des policiers du GOE sont stationnés à
l'étranger. Les autres continuent chaque jour leur
dur entraînement.
En
créant le GOE, les autorités portugaises ont
préféré, à toutes fins utiles,
respecter le vieil adage "Qui veut la paix prépare
la guerre". Et le terrorisme, c'est peut-être la
guerre de demain.
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