Le Special
Air Service (SAS) est une unité de forces spéciales
des forces armées britanniques, mise au point en
1941 en Égypte par le lieutenant David Stirling alors
qu'il séjournait à l'hôpital après
un accident de parachute.
Cette
unité s'est fait connaître pendant la Seconde
Guerre mondiale en se livrant à des raids audacieux
menés sur les arrières des lignes allemandes
en Afrique du Nord. Pour se renforcer, elle a intégré
des unités étrangères, en particulier
françaises (1re compagnie de chasseurs parachutistes)
et grecque (Sacred Squadron). À la fin de la campagne
du désert (Libye, Cyrénaïque, Crête
et Tunisie) elle rejoint la Grande-Bretagne pour se restructurer
en vue des opérations de libération de l'Europe
du sud (Italie) puis du nord (France, Belgique, Pays-Bas)
en formant une brigade anglo-franco-belge.
Dissoute
à la fin de la guerre, l'unité fut recréée
au Royaume-Uni en 1947. Elle est considérée
comme l'une des références mondiales en matière
de forces spéciales et d'unité de contre-terrorisme.
Sa devise
est : "Who Dares Wins" c'est à dire "Qui
ose gagne"
Histoire
Le
front africain
En 1941,
pendant la guerre des Britanniques contre les forces armées
italiennes et l'Afrika Korps commandé par Erwin Rommel
en Afrique du Nord, un jeune lieutenant écossais
propose de former une nouvelle unité destinée
à frapper l'ennemi sur ses bases arrières
(aérodromes et ravitaillement, entre autres). Constituée
de petites unités de commandos, elle ferait preuve
d'agilité et de précision. Au départ,
ce projet ne fait guère l'unanimité au sein
de l'état-major. Le peu d'hommes demandés,
la détermination de David Stirling et de son adjoint
Paddy Mayne et l'appui du futur maréchal Archibald
Wavell viennent à bout des dernières réticences.
La Special
Air Service Brigade s'installe donc sur la base de Kabrit,
sur les bords du canal de Suez et est constituée
d'une soixantaine d'hommes qui forment le L Detachment.
Après
des raids menés en collaboration avec le Long Range
Desert Group commandé par le futur général
David Lloyd Owen CB, où les hommes du SAS font sauter
des avions sur les aérodromes italiens et allemands
(24 avions à Tamet le 14 décembre 1941, 37
avions le 20), le haut commandement britannique applique
à plus grande échelle l'idée de Stirling,
et commence à réfléchir sérieusement
à l'utilisation de ce nouvel atout. Chaque raid effectué
permet de mettre hors d'état de nuire plus de 20
appareils et d'endommager les aérodromes plus efficacement
que tous les Groupes bombardiers engagés, avec un
moindre coût en hommes (en comptant tout de même
les pertes évidentes dues à l'ennemi et au
désert).
Devant
les attaques du SAS, des gardes sont placés sur les
aérodromes pour protéger les avions, empêchant
les hommes du SAS de poser leurs bombes. Aussi Stirling
équipe-t-il la brigade de jeeps munies de 3 à
5 mitrailleuses chacune, avec lesquelles il lance des attaques
surprise qui leur permettent d'avoir momentanément
une puissance de feu supérieure à l'ennemi
et de détruire les avions, avant de s'enfuir dans
le désert. À Sidi Hanneisch (27 juillet 1942),
18 jeeps détruisent une trentaine de Heinkel 111.
Toutefois
dans la nuit du 24 au 25 janvier 1943, David Stirling après
avoir commandé personnellement plusieurs missions,
est capturé en janvier 1943 par les Allemands, au
cours d'un raid en Tunisie. Après quatre tentatives
d'évasion, il est emprisonné dans la forteresse
de Colditz et n'est libéré qu'en 1945.
Les
forces spéciales sous le commandement de David Stirling,
sont dispersées. En avril 1943, un des SAS, le 1st
SAS, est même scindé en deux unités
: le SRS - Special Raiding Squadron et le SBS - Special
Boat Squadron. Le SRS sera placé sous les ordres
de Paddy Mayne.
Les Français libres
Très
tôt après avoir commencé ses opérations,
Stirling se rend compte que les hommes dont il aurait besoin
devraient être formés aux actions commandos.
Mais il disposait de peu de temps et prit des hommes qui
avaient déjà une formation avancée.
En Égypte, il y avait des parachutistes français,
trop peu nombreux pour remplir des missions, mais qui ne
demandaient qu'à participer à l'effort commun
et qui avaient déjà participé à
des opérations de destruction en France, comme celle
de la centrale de Pessac (mai 1941). Stirling demanda donc
à ses supérieurs que ces Français lui
soient rattachés.
Le
front européen
La SAS
Brigade, malgré la capture du lieutenant-colonel
Stirling, forme un corps intégré dans les
plans de l’État-major. L'unité, placée
sous les ordres du général de brigade Roddy
Mc Leod, compte désormais quatre régiments
(2 britanniques, 2 français) et une compagnie belge.
La
Bretagne
Théâtre
le plus important de l'engagement des SAS en France, la
Bretagne comptait à la veille du débarquement
de nombreuses troupes allemandes qui pouvaient renverser
le cours de la bataille de Normandie. Les Alliés,
soucieux de fixer ces troupes, envoyèrent donc les
SAS qui, aidés de la Résistance bretonne,
devaient harceler l'ennemi et l'obliger à rester
sur place.
Les
SAS (qui sont alors près de 450) sont répartis
au sein des différents bataillons FFI où ils
servent d'instructeurs. Par radio, d'importantes quantités
d'armes et de matériel sont demandées et permettent
d'armer plusieurs milliers d'hommes. Début août,
lorsque les Américains entrent en Bretagne, l'ordre
d'insurrection générale est donnée
ce qui facilite la progression des unités blindées
et la libération de la région.
Le 4th
SAS paya cher cette efficacité : 70 tués,
197 blessés sur 450 engagés (sans parler des
pertes de la Résistance).
On dénombre
plus de 80 opérations effectuées par le Special
Air Service durant la Seconde Guerre mondiale qui sont listées
dans Liste des opérations du SAS.
Les
SAS de l'après-guerre
Guerres
contre les guérillas communistes
Avant
même la dissolution du QG de la brigade, quelques
membres du SAS avaient été affectés
à partir de novembre 1945 à l'Allied Screening
Commission (Greece), chargée d'indemniser les Grecs
ayant aidé les Alliés pendant la guerre. À
la suite du déclenchement de la guerre civile grecque,
des vétérans SAS formèrent des commandos
grecs aux opérations anti-guérilla. D'autres
vétérans SAS furent membres d'unités
spéciales de la police du mandat britannique de Palestine
luttant contre les groupes armés sionistes Irgoun
et Lehi. Ces conflits peu connus permirent au SAS d'acquérir
une première expérience en matière
de contre-guérilla.
L'Irlande
du Nord
Les
SAS ont été engagés dans le conflit
nord-irlandais dès le début des "Trouble",
en 1969, le premier déploiement remontant apparemment
à 1966. Ce déploiement en vêtements
civils à l'intérieur du Royaume-Uni était
hors norme pour le SAS, qui voyait l'occasion de tester
les techniques contre-insurrectionnelles et contre-terroristes
qu'il développait. Les détachements SAS se
limitaient à la collecte de renseignement, et pour
ce faire, utilisaient parfois des femmes du Women's Royal
Army Corps (WRAC) pour le travail en civil, des couples
attirant moins l'attention que des hommes seuls. À
l'été 1969, le D Squadron du 22 SAS fut déployé
en uniforme dans la province. Cependant, la guerre du Dhofar
sollicita à partir de 1971 l'essentiel des ressources
du SAS, réduisant drastiquement le nombre d'hommes
déployés en Irlande du Nord
Le
contre-terrorisme
À
partir de 1977, chaque squadron du 22 SAS fut chargé
à tour de rôle de constituer l'équipe
antiterroriste pendant une période de six mois. Cette
équipe est appelée Special Projects (SP) team,
aussi surnommée « Counter-Terrorist (CT) team
» ou « Pagoda Team ». L'escadron est divisé
en deux équipes d'une vingtaine d'hommes, appelées
« Red Team » et « Blue Team ». L'équipe,
en alerte permanente pour réagir à tout incident,
alterne des périodes d'entraînement, des déploiements
en Irlande du Nord (à l'époque où le
SAS y était actif), et des exercices à l'étranger.
L'intervention
contre-terroriste la plus connue du SAS est sans aucun doute
l'opération Nimrod : il s'agissait de libérer
le personnel pris en otage le 30 avril 1980 dans l'ambassade
d'Iran à Princes Gate. Après six jours de
siège, l'assaut fut ordonné et la gestion
de la situation fut confiée par la police au SAS.
La « SP Team » du B Squadron descendit en rappel
depuis le toit de l'ambassade et entra simultanément
par plusieurs fenêtres et entrées du bâtiment.
La soixantaine de SAS libérèrent dix-huit
des dix-neuf otages, dont deux blessés, en tuant
cinq terroristes et en faisant prisonnier le sixième,
sans mort de leur côté, mais avec un homme
gravement brûlé.
Les
Malouines
Le SAS
joua un rôle important lors de la guerre des Malouines
qui oppose l'Argentine au Royaume-Uni en 1982. Le SAS, en
parallèle au Special Boat Service (SBS), exécuta
des missions de reconnaissance et d'action commando.
La
guerre du Golfe
En 1988,
intervient une restructuration indirecte lorsque le ministère
de la Défense britannique crée une structure
de commandement unifiée pour ses forces spéciales
nommé DSF (Directorate of Special Forces), inspiré
du modèle américain le United States Special
Operations Command, créé quelques mois auparavant.
Lors
de l'offensive contre l'Irak en 1991, les SAS réitèrent
leurs exploits de la Seconde Guerre mondiale à bord
de Land Rover puissamment armées. Leurs missions
comprennent l'observation et l'attaque de points importants
du désert (postes de commandement en particulier),
puis le quadrillage du désert à la recherche
des lanceurs mobiles de missiles Scud lancés sur
Israël et l'Arabie saoudite.
Les
guerres de l'ex-Yougoslavie
Les
SAS furent aussi présents dans la guerre en Bosnie-Herzégovine
dès novembre 1992, diverses unités prenant
place en plusieurs endroits du pays. Il n'y eut pas de participation
aux combats, toutefois un squadron entier aurait été
infiltré au cœur de Sarajevo en mai 1995 pour
une opération visant à libérer une
trentaine de soldats britanniques retenus en otages par
les forces serbes de Bosnie-Herzégovine. L'opération
ne fut pas menée en raison de la libération
anticipée de ces soldats quelques jours plus tard.
Guerre
d'Afghanistan
Les
SAS furent largement engagés dans la guerre d'Afghanistan.
Les A Squadrons et G Squadrons (environ 100 hommes) du SAS
lancèrent une attaque, fin novembre ou début
décembre 2001, sur un camp d'entraînement d'Al-Qaïda
près de la frontière pakistanaise. L'opération
TT constitue la plus grande mission du régiment depuis
la Seconde Guerre mondiale.
Guerre
en Irak
La participation
britannique à la guerre d'Irak depuis 2003 inclut
aussi celle du SAS. Les missions sont proches de celles
de 1991 : l'une d'elle concerne, fin janvier 2003, la reconnaissance
par des hommes du 22 SAS et de la Delta Force (déposés
par un hélicoptère Chinook ayant décollé
de Azraq al-Shishan, en Jordanie) de plusieurs sites de
missiles Scud repérés par satellites, pour
déterminer s'il s'agissait de véritables lanceurs
ou de leurres.
Durant
leur séjour, les SAS ont perdu sept des leurs et
une trentaine furent grièvement blessés.
Organisation
Le Special
Air Service Regiment est divisé en trois régiments
:
- 21
Special Air Service Regiment (Réserve) basé
à Londres
- 22 Special Air Service Regiment, basé à
Credenhill près d'Hereford
- 23 Special Air Service Regiment (Réserve), basé
à Birmingham
Le 22
SAS est d'active (appartenant à l'armée régulière),
alors que les deux autres sont de réserve (Territorial
Army). Il est soutenu par des unités de l'Army Air
Corps et du Royal Corps of Signals.
Les
bataillons sont divisés en "sabre squadrons",
plus souvent simplement appelés squadrons (que l'on
peut traduire en « escadrons », terme qui désigne
des unités équivalentes à des compagnies
d'infanterie).
Le
22 SAS
Le 22
SAS est formé de quatre sabre squadrons numérotés
A, B, D et G, et d'unités de soutien.
Chaque
squadron est en effet formé de quatre sections ayant
chacune une spécialité tactique :
- la
Boat Troop (section maritime), spécialisée
dans les infiltrations aquatiques (kayak, embarcations rapides,
etc.) et subaquatiques (mini-sous-marins, nageurs de combat)
- la Mountain Troop (section montagne), chargée
des opérations en terrains montagneux et en saisons
hivernales
- la Air Troop (section aérienne), formée
de chuteurs opérationnels qui maîtrisent aussi
bien les techniques HALO que HAHO
- la Mobility Troop (section patrouille) , spécialisée
en terrain désertique et en mobilité motorisée
À
plus petite échelle, la section (troop) est composée
de groupes de combat de base, appelés patrouille
"patrols", de quatre membres. La composition de
ces patrouilles dépendent des spécialités
techniques, c'est-à-dire de la spécialité
de chaque membre. Il y a quatre spécialités
techniques :
- médecine
du champ de bataille, pour pouvoir effectuer des opérations
chirurgicales d'urgence
- EOD : explosifs et démolition
- linguistique, c'est-à-dire l'apprentissage des
bases de langues étrangères
- transmissions, qui comprend l'utilisation d'appareil de
communications et de radios, qu'ils soient britanniques
ou étrangers
La maîtrise
d'une seconde spécialité par les hommes est
officiellement "encouragée", et est une
condition quasiment indispensable pour pouvoir effectuer
une longue carrière dans le régiment.
Missions
Le SAS est une unité aux missions
variées :
- reconnaissance et surveillance pour la
collecte de renseignement
- action commando (recherche et destruction d'objectifs-clés
dans le dispositif de l'adversaire, capture de chefs de
guerre ennemis)
- contre-terrorisme, sur le territoire britannique ou à
l'étranger
- actions de soutien et d'influence (formations de militaires
étrangers, actions civilo-militaires)
Sélection et formation
Le Major John Woodhouse établi en
1952 un processus d'évaluation et sélection
des recrues pour ne garder que les candidats ayant l'endurance
et l'autodiscipline nécessaires.
Selon une description datant de 2002, la
"Selection course" est organisée au rythme
de deux sessions par an, chacune comptant environ 150 candidats
initialement. La première phase, dite "Aptitude
Phase", dure quatre semaines et sert à dégrossir
et éliminer les soldats pas assez motivés
ou pas en assez bonne forme physique.
Les soldats passent le "Basic Infantry
Battle Fitness Test" : une marche de 12,8 km avec un
sac de 25 kg qui doit être faite en deux heures. La
première semaine comporte des cours de navigation
terrestre et diverses marches dans les Brecon Beacons au
pays de Galles. Elle se termine par une marche passant par
la montagne Pen y Fan, surnommée la "danse du
Fan".
La semaine suivante, les candidats doivent
effectuer cinq marches de navigation encadrées par
les formateurs, puis, lors de la troisième semaine,
cinq autres marches sans encadrement, par groupes de quatre,
deux, puis en solitaire. Toutes ces marches doivent être
faites dans un temps limite. Au bout de trois échecs,
il est renvoyé dans son unité d'origine.
Lors de la quatrième semaine, d'autres
marches chronométrées ont lieu, suivies d'une
épreuve finale appelée « Endurance »,
une marche de 64 km en terrain très accidenté,
en portant un sac de 25 kg et un fusil à terminer
en moins de 20 heures. Au total, les candidats auront marché
dans cette phase plus de 445 km de terrain difficile.
La troisième phase est un stage Survival,
Evasion, Resistance and Extraction (SERE), que l'on peut
traduire par "survie, évasion, résistance
et fuite", auparavant appelée Escape and
Evasion de quatre semaines comprenant un interrogatoire
de 24 heures pendant lequel ils ne doivent pas dire autre
chose que leur nom, grade, matricule et date de naissance.