Présentation
Le terme "Spetsnaz" est la contraction
de "Spetsial’nogo Naznacheniya" qui veut
dire "à usage spéciale". Il s’agit
donc d’un terme générique qui correspond
aussi bien aux unités de forces spéciales
comme définit par l’OTAN, qu’aux unités
spécialisées de type unités de reconnaissance,
unités anti-terroriste, unités anti-émeute.
Il existe donc plusieurs types d'unités
spetsnaz, ce qui leur a valu l'attribution d'une palette
d'activités largement exagérée parmi
lesquelles on citait volontiers l'espionnage et le terrorisme.
Hors, dans la plupart des pays occidentaux, pour des raisons
historiques, mais aussi fonctionnelles, la répartition
des taches entre services spéciaux et forces spéciales
est souvent floue. Dans le concept soviétique, en
revanche, la répartition des rôles est plus
précise. En effet les forces spéciales militaires
(du GRU, de la Marine, des forces aéroportées)
sont des composantes de la "stratégie directe"
de la Russie. Alors que la "stratégie indirecte"
(avec ses missions d'espionnage, d'actions d'influence,
d'actions clandestines ou de contre-terrorisme) est de la
responsabilité des services spéciaux du FSB
pour la sécurité intérieure et le contre-terrorisme
et du SVR pour le renseignement extérieur. Pendant
la guerre froide les services spéciaux étaient
ceux du KGB (l'élimination de dirigeants politiques
ou militaires, l'espionnage ou le sabotage en temps de paix
auraient été de sa responsabilité).
De plus, l'entretient d'un secret le plus
absolu autour de ces unités ne facilita pas la tâche
des spécialistes occidentaux, car en fonction de
leur localisation, ces unités n'étaient pas
toujours désignées sous le terme de spetsnaz,
certain avaient le nom de raiders, de chasseurs ou de commandos
de sorte que eux même s'ils se rencontraient ne savaient
pas qui étaient spetsnaz et qui ne l'était
pas.
Tout
ceci fait qu'en occident les forces spéciales soviétiques
ont souvent été surévaluées
aussi bien en terme d'effectifs qu'en terme de capacités.
Différentes
unités Spetsnaz
Il existe principalement 3 "services"
qui disposent d'unités Spetsnaz :
La Sécurité d’Etat (FSB, ex-KGB) avec
les groupes "Alpha" et "Vympel" étant
des unités anti-terroristes et anti-insurrectionnel.
Le groupe Alpha, en autre, a participé à l’invasion
de l’Afghanistan en decembre 1979 avec d'autres unités
sous le nom de groupe "Kaskad". Nous verrons un
rapide historique de ses unités plus bas.
Le Ministère de l’Intérieure
(MVD) qui dispose des unités :
. OMON ("OMOH") : Unités
anti-émeutes de la Police (ou "Militsia"
en Russie).
. OMSN ("OMCH") : Unités
d’intervention de la police. Elles ont pour mission
la lutte antiterroriste, la lutte contre le crime organisé
et contre les divers trafics.
. SOBR : Unités de réaction
rapide créé en 1992 pour lutter contre le
crime organisé.
. "Cobalt" : Unité identique
au groupe "Kaskad" en Afghanistan en 1980
. OSNaz pour "Otryad Spetsial'nogo
Naznacheniya" : Troupes à usage spéciale,
descendantes de la division de fusiliers motorisés
Dzerjinski, créés en 1977 pour assurer la
protection des jeux olympique de 1980 de Moscou (les berets
rouges du MVD). Ce sont des groupes équivalents aux
Spetsnaz du GRU qui ont pour mission en plus la lutte antiterroriste,
la lutte anti-insurrectionnelle, la chasse contre les rebelles,
etc. Le groupe "Vityaz" a été créé
en 1990 et d'autres ont suivis en 1994.
Le Service
de Renseignement Militaire (GRU), qui disposent de plusieurs
unités Spetnaz. Correspondants le plus à la
définition OTAN de forces spéciales, ce sont
ces unités que nous allons étudier.
Histoire
Le GRU, de son vrai nom : Direction Principale
du Renseignement de l'Etat-Major Général des
Forces Armées Russe ("Glavnoe Razvedyvatel'noe
Upravlenie General'nogo Shtaba Vooruzhënnyh Sil Rossii",
existe depuis 1942. Le renseignement militaire existe lui
depuis 1917.
C'est en 1950 que sont créés plusieurs compagnies
autonomes à but spéciale (Spetsnaz) au sein
du GRU (46 de 120 hommes chacune). C'est unités ont
été créées sur la base de l'expérience
acquises par le renseignement et les activités de
sabotage des partisans soviétiques pendant la seconde
guerre mondiale.
Après de multiples remaniement, les
Spetsnaz soviétiques s'organisèrent principalement
de la façon suivante : 16 brigades autonomes (une
par groupe d'armée ou front), 4 brigades navales
(une par flotte) et 3 régiments dépendants
directement du commandement du GRU. Les Spetsnaz de front
agissaient de 500 à 1000 km en avant des éléments
de reconnaissance. Ils avaient à l'origine pour mission
la localisation et la destruction des armes nucléaires
mobiles de l'OTAN. Par la suite leurs missions s'étendirent
aux reconnaissances, aux sabotages, aux raids dans la profondeur,
aux prises d'objectifs stratégiques, au soutien des
forces conventionnelles. Ils se voient, également,
octroyer une mission d'organisation de mouvement de guérilla
en cas de guerre contre l'OTAN. Pour la réalisation
de ces missions, en 1968, est créé, au sein
de l'école aéroportée de Riazan, une
section spécifique d'enseignement pour les opérations
spéciales avec entre autre l'apprentissage des langues
étrangères (anglais, allemand, français,
chinois, ...).
Une des premières opportunités
d'action qui fut offerte aux Spetsnaz fut l'invasion de
la Tchécoslovaquie en 1968. Une planification précise
permit à une équipe Spetsnaz de prendre le
contrôle de l'aéroport de Prague et de le tenir
jusqu'à l'arrivée du gros des forces aéroportées.
Infiltrée en ville, une autre équipe procéda
à l'arrestation des leaders tchèques, mettant
fin à toute possibilité de résistance
organisée.
De la même manière, des éléments
précurseurs Spetsnaz sont envoyés en Afghanistan
dès septembre 1979 sous couvert de coopération
militaire. Ils permettront la création d'une tête
de pont, en décembre 1979, et l'invasion de l'Afghanistan
par les troupes aéroportées sur l'aéroport
de Bagram et par les troupes de fusiliers motorisés
à partir des frontières afghanes vers Kaboul.
Avant tout entraîné pour combattre les forces
armées de l'OTAN, leur doctrine d'emploi était
inadaptée au conflit Afghan. Dans la première
phase du conflit, les Spetsnaz furent donc relégué
à servir d'infanterie légère et furent
souvent placés en réserve d'intervention lors
de grandes opérations. Très vite, les généraux
soviétiques comprirent que ce type de conflit ne
pouvait être gagné que par un recours intensif
aux Spetsnaz.
Et à partir de 1984, usant d'une
grande autonomie de décision et d'une meilleur planification
des missions, les unités Spetsnaz furent utiliser
pour neutraliser les flux logistiques et harceler et désorganiser
les arrières de la résistance (pour cela,
les Spetsnaz ont avant tout fonctionné comme des
commandos de chasse, verrouillant des secteurs, exécutant
des embuscades sur les arrières des Moudjahiddines
et dirigeant le feu de l'artillerie et de l'aviation sur
les formations de résistants afghans). Ils effectuèrent
également des missions de protection de convois,
de pipelines et de col de montagne en appui aux forces conventionnelles.
Entre 1984 et 1989, les unités Spetsnaz, qui ne représentait
que 5% des effectifs soviétiques en Afghanistan,
réalisèrent 60% du bilan en opération.
Malgré ces succès indéniables qui entraînèrent
l'accroissement de leurs effectifs, les forces spéciales
soviétiques ne purent influencer l'issue du conflit.
Tout au long du conflit afghan, de multiples détachements
de Spetsnaz se relayèrent et plus particulièrement
de la 2e et de la 22e Brigade autonome de Spetsnaz.
En 1988
et 1989, 3 détachements furent envoyés en
Azerbaïdjan et 2 au Tadjikistan en 1992 pour maintenir
l'ordre constitutionnel.
La période de 1989 à 1994, avec l'effondrement
de l'union soviétique, fut considérée
comme bien plus difficile et néfaste pour les Spetsnaz
que la guerre d'Afghanistan elle-même. Plusieurs unités
furent dissoutes ou rétrocédées aux
nouveaux pays de l'ex URSS comme la Biélorussie et
l'Ukraine. Et malgré le grand nombre de points chauds
aux alentours de la Russie, comme pour l'ensemble des forces
armées russes, les formations, les fournitures et
équipements militaires vinrent à manquer.
 |
 |
De 1994 à 1998, les unités
Spetsnaz du GRU participèrent à la guerre
en Tchétchénie. Malheureusement, elles furent
utilisées à contre-emploi, comme simples unités
de reconnaissance ou comme troupe de choc, surtout au début
du conflit. Elles furent utilisées comme groupe d'assaut
lors de la prise de Grozny en 1995, ce qui conduit à
de grandes pertes inutiles. Suite à une mauvaise
planification des actions des Spetsnaz par les généraux
du GRU, un détachement fut même fait prisonnier.
En juin 1995, un détachement de Spetsnaz participa
à l'opération infructueuse de libération
des otages de l'hôpital de Boudionnovsk en contrôlant
le quartier de la ville. L’année 1995 fut donc
considérée comme la plus tragique de toute
l'histoire des Spetsnaz. Par la suite, travaillant indépendamment
et rééquipé en matériel de combat,
les Spetsnaz ont pu fonctionner plus efficacement, augmentant
ainsi leur puissance de feu et leur vitesse de réaction
(grâce à l'acquisition de nouvelles radio et
de téléphones portables).
A la fin de la guerre de Tchétchénie,
beaucoup de Spetsnaz prirent leur retraite pour monter ou
intégrer des sociétés privées
de sécurité bien plus rentables. Dans un même
temps, les leçons de cette guerre ne furent pas perdues
avec l'amélioration de la préparation et de
la formation des unités de combat et l'établissement
de contacts avec les forces spéciales d'autres pays
(comme la Slovaquie en 1997 et les bérets verts américain
en 1998).
La fin du conflit en Tchétchénie
n'arrêta pas pour autant les tensions dans cette région.
Suite à plusieurs attentats terroristes en Russie,
aux incursions des troupes indépendantistes Tchétchènes
au Daghestan et à la montée d'une volonté
de former une république islamiste en Tchétchénie,
la Russie décida d'une intervention en Tchétchénie
pour rétablir l'ordre constitutionnel fédéral
en octobre 1999. La seconde guerre (officiellement appelée
"opération anti-terroriste") commençait.
Les détachements de Spetsnaz venaient de tous les
districts militaires russes sous le commandement de la 22e
brigade autonome de Spetsnaz.
Ayant rapidement rétabli le contrôle
du Daghestan et du nord de la République de Tchétchénie,
l'opération dans le sud montagneux se solda par un
lent succès suite aux combats acharnés. La
ville de Grozny tomba après un siège qui dura
du 25 décembre 1999 au 6 février 2000. Les
Spetsnaz furent bien mieux utilisées que pendant
le premier conflit, utilisant des techniques de guet-apens
et n'envoyant les troupes russes qu'après une reconnaissance
précise et leur feu vert. Malgré cela, il
y eu quand même de lourde perte. Vladimir Poutine
rétablit l'autorité de Moscou dans la totalité
du territoire de la République, mais la guérilla
séparatiste continua jusqu'en 2006, voire plus tard.
Pour l'ensemble de ses actions pour la sécurité
et l'intégrité de la Fédération
de Russie, la 22e brigade reçue le titre de la garde
en 2001. C'est la première unité a recevoir
ce titre depuis la seconde guerre mondiale.
En 2008,
suite à l'invasion de l'Ossétie du Sud par
les troupes Géorgiennes, les 2e, 10e et 22e brigade
autonome de Spetsnaz participèrent au conflit qui
fut de courte durée.
Missions
La mission initiale principale des Spetsnaz
était de procéder à la reconnaissance
et la destruction, si nécessaire, des moyens d'attaque
nucléaire d'un ennemi potentiel (l'OTAN). A leur
début, ils ont également eu comme tache, l'élimination
de dirigeants militaires et politiques, mais cette mission
a vite été attribuée au KGB.
De nos jours, les Spetsnaz couvrent l'ensemble des missions
classiques des forces spéciales : la reconnaissance
profonde et la destruction d'objectifs stratégiques
ou opératifs sur les arrières de l'adversaire
(moyens nucléaires fixes ou mobiles, moyens de commandement,
centres de transmissions, moyens de défense sol-air,
dépôts, garnisons, voies de communications,
moyens de production énergétique ...) ; le
harcèlement et la désorganisation des forces
dans la profondeur du dispositif adverse (en particulier
à l'aide de sabotages et en organisant des mouvements
de partisans) ; les actions commando classiques (prises
de points clés, désignation d'objectifs pour
l'artillerie ou l'aviation) ; la guerre non-conventionnelle
avec la lutte anti-insurrectionnelle, l'instruction des
forces spéciales des pays frères de la Russie,
l'instruction de mouvements de libération dans le
Tiers-Monde.
Organisation
Les Spetnaz du GRU sont actuellement organisés
en brigade autonome d'environ 1000 hommes à raison
d'une brigade par district militaire (ou front en temps
de guerre).
Chaque Brigades autonome Spetsnaz (OBrSpN) est composée
d'une compagnie de commandement constituée de professionnels
qui ont en temps de paix une fonction d'instructeur ; d'une
unité de transmission ; d'une unité de logistique
; et de 2 à 6 sections autonomes Spetsnaz essentiellement
composées de conscrits et de réservistes.
La seule Brigade de la garde est la 22e
Brigade autonome Spetsnaz de la garde (OGBrSpN)
Il y avait plus de 16 brigades à l'époque
de la guerre froide, mais suite à l'effondrement
de l'union soviétique, il ne reste plus que quelques
une de ces unités aujourd'hui :
- 2e OBrSpN (Promezhitsa, Pskov Region, Leningrad Military
District)
- 3e OBrSpN (Chernorech'e, Volga Ural Military District)
- 10e OBrSpN (Mol'kino, Krasnoyarsk Territory, North Caucasus
Military District)
- 14e OBrSpN (Usuriisk, Far East Military District)
- 16e OBrSpN (Tambov, Moscow Military District)
- 22e OGBrSpN (Stepnoi, Rostov Region, North Caucasus Military
District)
- 24e OBrSpN (Irkutsk, Siberian Military District)
On retrouve
également des unités Spetnaz au sein de la
marine (les nageurs de combat), dont l'effectif est inchangé.
Ce sont les éléments de reconnaissance Spetsnaz
(RPSpN) de la marine :
- 137e RPSpN - r Tuapse - La Flotte de la mer Noire
- 561e RPSpN - p.Parusnoe - Flotte de la Baltique
- 420e RPSpN - p.Zverosovhoz - Flotte du Nord
- 42e RPSpN - o.Russky - Flotte du Pacifique
Formation
La formation
générale dispensée à toutes
les unités Spetsnaz prévoit plusieurs disciplines
:
- techniques d'infiltration et d'exfiltration en zones hostiles,
y compris en temps de paix pour des reconnaissances préalables
d'objectifs ; la topographie et la navigation terrestre
- la survie sous dans tous les milieux
- le sabotage et l'emploi d'explosifs
- le combat rapproché et au corps à corps
- les transmissions
- la désignation d'objectifs au profit de l'aviation
et de l'artillerie par radio ou système laser TLD
- l'étude des langues étrangères (les
langues arabes et d'Asie centrale ayant remplacées
les langues occidentales)
- l' utilisation d'armements de tous types et de toutes
origines.
A propos de l'armement, en plus de tous les modèles
en service chez les parachutistes, les unités Spetsnaz
ont en dotation certain modèles spécifiques
tels le couteau-pistolet NRS-1/-2, les semi-automatiques
PSS et Gyurza, les pistolets-mitrailleurs A-91, PP-90 M,
PP-93, Vihrk et Bizon et les fusils d'assaut BCC, AC et
VSS (la plupart de ces modèles sont équipés
de silencieux intégré ou peuvent accepter
un modérateur de son).
 |
 |
Spetsnaz de la Sécurité
d’Etat (FSB, ex-KGB)
Composantes de la "stratégie
indirecte" aussi bien sur le sol russe qu'à
l'étranger, ces unités ont participées
à toutes les opérations soviétiques
depuis la guerre froide (bien souvent en éléments
précurseurs avant toute force armée). Créées
à l'origine comme unités anti-insurrectionnelle,
d'actions clandestines et comme groupe anti-terroristes,
de nos jours ils sont principalement utilisés pour
l'anti-terrorisme et la lutte contre les trafics.
- Avant 1974 : une unité d’intervention
Zénith était constitué sur ordre en
cas de besoin.
- 1974 : Création d’une unité d'intervention
permanente, le groupe Alpha (avec un compétence particulière
en anti-terrorisme).
- Décembre 1979 : réunion d’éléments
du groupe Alpha et du groupe Cobalt du MVD sous le nom de
groupe Kaskad lors de l’invasion de l’Afghanistan.
ce groupe fut chargé de la prise du palais du président
Amine. Le nom du groupe Kaskad sera remplacé par
Omega en 1983. Le groupe sera dissout en 1984.
- 1981 : Création d’une deuxième unité,
le groupe Vympel. Il est plus particulièrement dédié
au renseignement extérieure et plus tard à
l’intervention anti-terroriste sur sites nucléaires.
- 1991 : Suite à la tentative de coup d’état,
les groupes Alpha et Vympel passent sous l’autorité
directe du président russe et assurent sa protection.
- 1993 : Suite au refus des deux groupes d’intervenir
contre le parlement, le groupe Vympel passe sous l’autorité
du MVD et devient le groupe Vega.
- 1995 : Le groupe Alpha repasse sous l’autorité
du FSB, ainsi que le groupe Vega qui reprend son nom de
Vympel. Ils deviennent presque exclusivement des groupes
anti-terroristes.
Merci
à Somius pour le texte